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3 questions à Riccardo Rebonato sur la prime de risque climatique

Riccardo Rebonato , Professor

En amont de son webinaire du 29 juin prochain intitulé "Where is the Climate Risk Premium?", auquel plus de 700 personnes se sont déjà inscrites, nous avons posé quelques questions sur ce thème à Riccardo Rebonato, Professeur à l'EDHEC et Directeur scientifique de l'EDHEC-Risk Climate Impact Institute.

Temps de lecture :
20 juin 2023
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Qu'est-ce qu'une prime de risque et pourquoi est-ce une notion importante ?

Le rendement que les investisseurs peuvent espérer tirer d'un actif financier dépend à la fois des flux de trésorerie escomptés (actualisés) que l'actif générera et d'une compensation pour le risque de ces actifs.

Ce qu'il est important de comprendre, c'est que ce risque doit être considéré dans le contexte non pas de l'actif pris isolément, mais de l'ensemble du portefeuille "de marché". Ainsi, un actif financier qui rapporte lorsque le marché souffre réduit en fait le risque global et agit donc comme une couverture. Les bons du Trésor américain et les bons allemands avant la crise du COVID sont des exemples d'actifs qui étaient perçus comme offrant une couverture contre le risque des actions et qui, par conséquent, ont bénéficié d'une prime de risque négative. Dans ces cas, on peut considérer la prime de risque comme la "prime d'assurance" qu'un investisseur serait prêt à payer. Les points essentiels sont donc que i) la prime de risque peut représenter une part substantielle du rendement attendu d'un actif et ii) qu'elle peut être positive ou négative.

 

Qu'est-ce que la prime de risque climatique ?

Aujourd'hui, les investisseurs parlent tout le temps d'actifs "bruns" (c'est-à-dire à forte intensité de carbone car liés aux combustibles fossiles) et d'actifs "verts" (c'est-à-dire à faible intensité de carbone), et ce qu'ils entendent généralement par là, ce sont des actifs qui seront mal rémunérés en cas de dommages climatiques importants, et vice-versa.

Après cela, ce que souhaite savoir un investisseur est s’il sera rémunéré en compensation du risque climatique ou si, comme pour les obligations du Trésor dans l'ère post-Greenspan, les actifs exposés au climat supporteront une prime négative. Pour le moment, nous savons très peu de choses sur l'ampleur et même le signe de la prime de risque associée aux actifs verts et bruns.

En fin de compte, tout se résume au fait d'estimer si, par exemple, les actions des compagnies pétrolières seront performantes lorsque le marché dans son ensemble affichera des rendements élevés, ou vice-versa. Pour les entreprises dont les bénéfices sont corrélés aux dommages climatiques, le signe et l'ampleur de la prime de risque dépendent du fait que ces dommages surviennent lorsque l'économie va bien ou mal. Là aussi, nous en savons encore très peu à ce sujet.

 

Pourquoi utiliser une approche théorique pour estimer la prime de risque climatique ?

Les estimations des primes de risque sont généralement réalisées de manière empirique, en utilisant des techniques économétriques sophistiquées qui ont été développées au fil des décennies. Toutefois, ces techniques sont très gourmandes en données - plusieurs décennies de données pertinentes sont nécessaires pour obtenir des estimations empiriques robustes.

Dans le cas du changement climatique, nous n'avons pas ce luxe, car les investisseurs ne prêtent attention au risque climatique que depuis 10 à 15 ans (c'est-à-dire depuis "hier seulement" dans les études d'estimation de la prime de risque). En effet, les chercheurs qui ont essayé de déployer les outils traditionnels pour estimer empiriquement une prime de risque climatique ont trouvé des résultats allant "dans tous les sens" : contradictoires, faibles et contre-intuitifs.

C'est pourquoi, alors que nous attendons patiemment que les données financières relatives au climat s'accumulent et que les techniques empiriques deviennent utilisables, il y a une attente forte d'une étude fondamentale sur ce que devrait être la prime de risque climatique (quelle importance, quel signe, avec quelle "structure à terme"). Par "étude fondamentale", j'entends une étude qui utilise les techniques les plus solides et les plus modernes de la macroéconomie financière pour fournir des réponses solides et utilisables à une question d'investissement urgente.

L'EDHEC-Risk Climate Impact Institute a été créé pour répondre à ce type de questions. Le 29 juin, je discuterai de ce que les derniers outils de modélisation peuvent nous apprendre sur la prime de risque climatique, et de ce que cela signifie pour les professionnels de l'investissement.  

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