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[Cas par cas #10] Enseigner la stratégie et la finance à partir de Vaumont, une scierie familiale

David Dalmasso , Associate Professor, Deputy Head of faculty - Data Science, Economics & Finance
Martial Bombrault , IRIIG

Avec le cas pédagogique « Vaumont : un nouveau plan d’investissement » (2025), David Dalmasso (EDHEC) et Martial Bombrault (IRIIG) ont conçu un outil pédagogique complet qui invite les étudiants à réfléchir à la reprise d’une TPE du secteur bois, entre diagnostic stratégique et financier, business plan et prévisionnel financier de la reprise. Rencontre avec ces deux amis professeurs à Nice et Lyon.

Temps de lecture :
13 avr 2025
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Pourquoi avoir choisi une petite entreprise familiale du secteur du bois ?

Martial Bombrault : Le cas Vaumont s’inspire en réalité de mon histoire personnelle. Mon père dirigeait une scierie en Sologne. Il a fini par céder l’activité technique, mais notre famille a gardé les terrains. C’est donc un secteur que je connais bien, et qui est pertinent puisqu’à l’inverse des grands groupes, il introduit beaucoup de variables que l’on retrouve dans l’entrepreneuriat familial.

 

David Dalmasso : Exactement, nous sommes dans une TPE du secteur primaire, ce qui permet aux étudiants de s’éloigner des cas habituels des grands groupes en étant au contact du réel et des contraintes concrètes d’une transmission intra-familiale. C’est aussi l’occasion de rappeler que l’analyse stratégique et financière s’applique également à des structures très petites, et que cela est parfois même d’autant plus exigeant.

 

Alors, quelles sont les grandes lignes du cas Vaumont ?

David Dalmasso : Le cas met en scène Adrien, fils du dirigeant historique de la scierie Vaumont, qui réfléchit à reprendre l’entreprise. Les étudiants doivent réaliser un diagnostic financier complet de l’entreprise, élaborer un business plan et surtout construire un prévisionnel financier pour convaincre un banquier ou de potentiels investisseurs de les accompagner. Pour cela, ils doivent analyser les comptes, construire des scénarios, simuler des plans de financement. Ce qui rend ce cas très intéressant c’est qu’il donne lieu à plusieurs interprétations possibles de la part des étudiants.

 

Martial Bombrault : Côté stratégie, les étudiants doivent élaborer un diagnostic stratégique complet en utilisant des outils incontournables - PESTEL, Porter, SWOT, Abell... Il y a aussi une dimension humaine à ne pas négliger s’agissant d’une entreprise familiale tiraillée entre artisanat et modernisation. C’est un cas très complet.

 

Comment avez-vous conçu ce cas pour l’enseignement ?

Martial Bombrault : L’idée est venue de mes cours de stratégie ou d’entrepreneuriat. Je cherchais un cas “à tiroirs” qui pourrait s’adapter selon le niveau des étudiants. En BBA3, le cas porte un aspect plus stratégique et marketing tandis qu’en M1-M2 l’analyse avec le business plan s'ajoute.

 

David Dalmasso : Je suis intervenu sur la partie financière du cas. Ce qui est intéressant pour les étudiants c’est de défendre leurs choix devant un banquier fictif. Comme il existe plusieurs scénarios possibles, cela est très enrichissant et peut permettre une montée en complexité - avec ou sans business plan - selon les objectifs du cours. Le processus de soumission à la CCMP a été rapide et fluide. Nous sommes ravis d’avoir ce cas mis à disposition d’autres enseignants, et nous l’avons conçu modulable justement dans ce but.

 

Martial Bombrault : C’est du learning by doing. Les étudiants doivent interpréter et faire leurs choix. Il n’y a pas une seule bonne réponse, plusieurs choix sont possibles.

 

Avez-vous des retours d’expérience à partager du côté des enseignants ?

Martial Bombrault : Le cas parle à de nombreux enseignants, que ce soit en Licence ou en Master, mais aussi en formation continue ou les étudiants se projettent déjà dans la reprise ou création d’entreprise. Il se prête également aussi bien à une courte formation (2–3 heures) qu’à un travail sur plusieurs cours.

 

David Dalmasso : Et surtout la complexité financière peut être abordée de manière progressive. Au-delà de cela, c’est également une histoire de repreneuriat dans un contexte familial. Cela apporte une complexité supplémentaire mais aussi une dimension humaine.

 

Un mot sur votre collaboration ?

David Dalmasso : Nous sommes deux amis, professeurs, avec des compétences complémentaires, finance pour moi, stratégie pour Martial. Nous nous sommes vraiment amusés à le concevoir et à croiser nos compétences.

Martial Bombrault : Entièrement d’accord !

 

Références

(1) VAUMONT : Un nouveau plan d'investissement (2025) - CCMP, G2137 - https://www.ccmp.fr/collection-ccmp/cas-vaumont-un-nouveau-plan-dinvestissement