Les atouts des Graduates Programmes
Manuelle Malot, Directrice de l'EDHEC NewGen Talent Centre à l'EDHEC Business School, traite dans un article initialement publié sur The Conversation, des atouts des Graduates Programmes.
Depuis vingt ans, le marché de l’emploi des jeunes diplômés est devenu mondial et le « sourcing » de candidats plus international. En raison d’une très grande concurrence, les entreprises doivent séduire et fidéliser les meilleurs profils de jeunes diplômés afin de constituer leur vivier de futurs cadres dirigeants. C’est dans cet esprit qu’elles ont élaboré des programmes spécifiques d’intégration accélérée : les « Graduate Programmes ».
L’EDHEC NewGen Talent Centre, centre d’expertise de l’EDHEC sur les aspirations, comportements et compétences des nouvelles générations de diplômés, suit de près ces parcours. C’est ce qui a permis la publication d’une étude sur les caractéristiques des 1260 programmes proposés par plus de 600 entreprises, accompagnée d’une enquête d’évaluation auprès de 700 diplômés dont 250 participants français et internationaux à un graduate programme.
Diversité de l’offre
L’offre est aujourd’hui très diverse, ce qui témoigne d’une maturité de ces programmes, que les entreprises se sont appropriés et ont adaptés à leurs besoins. On trouve aujourd’hui des graduate programmes dans tous les secteurs et, si les institutions financières sont toujours les plus nombreuses à offrir ces parcours (21 % des entreprises), l’industrie (18 %), les biens de consommation (12 %), la santé et les services (11 %) sont de plus en plus représentés.
Par ailleurs, loin du stéréotype qui les réserverait aux fonctions de management ou de finance, ces programmes concernent aussi l’ingénierie, le IT, la logistique sont parmi les fonctions les plus recherchées, avec 29 % des offres de programmes. On constate également une progression des programmes spécialisés qui représentent aujourd’hui deux tiers des programmes.
Alors que les plus élaborés des graduate programmes intègrent des rotations internationales, du coaching, du mentoring et des formations permanentes de haut niveau, d’autres parcours n’en portent que le nom et sont de simples premiers postes pour jeunes diplômés.
Sur 1 260 programmes recensés dans notre base de données, 84 % proposent au moins une rotation sur deux postes, 88 % proposent du développement professionnel et 30 % une mission internationale c’est-à-dire une expérience sur au moins deux pays. 75 % proposent à la fois des rotations et offrent du développement de carrière. 27 % proposent les 3 caractéristiques : rotation, international et développement.
Les programmes sont également moins nombreux à offrir une mission internationale, coûteuse et difficile à organiser et qui intéressent légèrement moins la nouvelle génération de diplômés depuis 3 ans.
Souplesse des programmes
Puisqu’aucune réglementation n’encadre ces programmes, les entreprises jouissent d’une grande latitude dans les modalités de mise en œuvre de leurs parcours. Ainsi, certains parcours peuvent débuter par un stage de fin d’études, d’autres inclure une période de volontariat international en entreprise (VIE), proposer un contrat de travail classique, CDD ou CDI, voire de l’intrapreneuriat.
Certaines entreprises intègrent même une immersion de quelques mois en start-up pour satisfaire les jeunes férus d’entrepreneuriat à qui elles proposent de transposer les bonnes pratiques de ces entreprises « libérées ». Elles construisent ainsi des programmes plus adaptés, malins et peut-être moins onéreux.
Jusqu’à ces dernières années, les graduate programmes restaient encore confidentiels. Certaines entreprises n’osaient pas communiquer clairement sur leur programme, de peur de phagocyter leurs voies de recrutements plus classiques ou d’apparaître excessivement sélectives.
Aujourd’hui, elles communiquent de façon à la fois plus transparente mais aussi plus modeste qu’il y a quelques années. Cette maturité se constate aussi dans le comportement et l’appréciation des jeunes diplômés de ces parcours. Plus avertis, ils savent mieux ce qu’ils peuvent attendre d’un graduate programme, quel investissement de leur part sera nécessaire et comment ils pourront se montrer pro actif pour en tirer le meilleur profit.
Richesse des expériences
Les jeunes recrutés que nous avons interrogés sont unanimes : un graduate programme est un premier emploi mais aussi une opportunité de lancer sa carrière en développant ses compétences et en testant plusieurs postes pour discerner et choisir sa voie. Plus des deux tiers ont bénéficié de plus de deux rotations donc 3 postes et 20 % ont pu tester jusqu’à 5 postes différents.
Les principales raisons qui motivent les jeunes pour ce type de programmes sont leur envie d’apprendre, la diversité des missions, la dimension internationale et l’accompagnement de leur développement.
Les jeunes recrutés ont particulièrement apprécié que ces programmes leur donnent rapidement une connaissance générale du fonctionnement de l’entreprise, accélèrent leur développement et leur permettent de se constituer un réseau professionnel.
Enfin à l’heure où la préoccupation des entreprises est de retenir les talents qu’elle a recrutés et sur lesquels elle investit, notre étude montre que le graduate programme fidélise 84 % des jeunes recrutés dont 81 % restent au moins deux ans dans l’entreprise.
Mais si les jeunes recrues plébiscitent le graduate programme avec un taux de recommandation de 99 %, ils ne font pas preuve de naïveté. Les entreprises qui proposent des graduate programmes sans les atouts de ces parcours, bref de simples « contrefaçons », sont aujourd’hui plus vite identifiées par des jeunes diplômés de plus en plus avertis.
Cet article est co-publié avec The Conversation France sous licence Creative Commons. Lire l’article original