Entrepreneurs français, réussissez (enfin) vos pitchs en anglais !
Peter Daly, Associate Professor, EDHEC Business School et Dennis Davy, Associate professor, EDHEC Business School, traitent dans un article initialement publié sur The Conversation du pitch entrepreneurial.
Maîtriser le pitch entrepreneurial de deux minutes est une compétence clé exigée des entrepreneurs et de tous ceux qui doivent vendre un concept ou un produit dans un contexte professionnel.
Un exercice pas si simple, surtout lorsque l’anglais n’est pas votre langue maternelle et que vous souhaitez présenter un discours convaincant et réussi…
Dans le cadre d’un projet de recherche linguistique, nous avons enregistré 20 pitchs de deux minutes en anglais réalisés par des entrepreneurs français. Après les avoir transcrits et anonymisés, nous avons identifié une variété d’erreurs différentes. Nous les avons ensuite catégorisées à l’aide de cadres développés par des experts dans le domaine de l’analyse des erreurs, tels que Jack Richards, Pit Corder et Julian Edge.
Des erreurs plus graves que d’autres
Certaines erreurs dans notre corpus n’étaient évidemment que des erreurs de production ou des fautes d’inattention, dues au stress et à la nervosité, mais d’autres étaient systématiques et correspondaient étroitement à celles identifiées par des linguistes comme Swan & Smith (1987) dans leur étude « Learner English ». L’anglais, tel qu’il est produit par les entrepreneurs français, peut être analysé en termes d’erreurs « mineures » (par exemple les prépositions, les temps verbaux et l’aspect, les articles, les quantificateurs et les nombres) et en termes d’erreurs « majeures » (par exemple le vocabulaire, la grammaire, la prononciation et le style).
En adaptant un protocole emprunté au champs de la perception de la gravité des erreurs (Khalil, 1995 ; Jenkins, 2009) et lié à des concepts tels que l’intelligibilité, l’acceptabilité et le facteur d’irritation, nous avons choisi trois types de « juges » (des enseignants de langue maternelle anglaise, des enseignants en anglais de langue maternelle française, et des managers anglophones non enseignants) en leur demandant dans quelle mesure ils jugeaient importants ou non les divers types d’erreurs.
Tous les juges ont identifié la prononciation comme étant la source d’erreurs la plus fréquente. Ils ont également noté de nombreux cas particuliers d’erreurs dans les prépositions, les nombres, le vocabulaire et les temps. Les professeurs d’anglais de langue maternelle française ont identifié le plus grand nombre d’erreurs et les managers le plus petit nombre, utilisant également des termes moins spécifiques que les professionnels des langues pour décrire les erreurs. Alors que les enseignants ont noté de nombreuses utilisations erronées des temps, d’accords incorrects au singulier et au pluriel et de terminaisons à la 3e personne, les managers ont mis l’accent sur la clarté, la prononciation et la diction.
Des interlocuteurs plus ou moins indulgents
Dans l’ensemble, tous les juges se sont montrés relativement indulgents à l’égard des erreurs liées à la prononciation du th et du h, mais plus sévères en ce qui concerne l’accentuation incorrecte des mots et le débit, l’utilisation excessive de « tics de langage » comme eh et um, et la mauvaise prononciation des noms propres importants.
Pour les professeurs de langue, l’adjectif le plus fréquemment choisi pour qualifier les erreurs était de loin « frustrant », mais « négligent » et « dérangeant » étaient également courants. Le mot « désagréable » a été utilisé dix fois plus souvent par les enseignants de langue maternelle française que par leurs homologues de langue anglaise. Les adjectifs les plus utilisés par les managers étaient « agaçant » et « désagréable », avec quelques cas de « frustrant » et d’« exaspérant ». Tous les juges ont parfois qualifié des erreurs de « drôles » ou d’« amusantes ».
Notre étude à petite échelle confirme l’importante variation dans la façon dont les interlocuteurs identifient les erreurs et jugent subjectivement si elles sont majeures ou mineures. Elle corrobore également des recherches antérieures selon lesquelles les enseignants « non autochtones » sont généralement plus sévères dans leur jugement que les enseignants « autochtones ». Elle confirme enfin que les enseignants de langue maternelle et les professionnels ont tendance à se centrer davantage sur le sens que sur la forme.
C’est ce qui nous permet aujourd’hui de formuler une série de conseils qui permettra de réussir vos pitchs en anglais :
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Répétez soigneusement votre pitch
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Parlez lentement et clairement, en accordant une attention particulière aux noms propres
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Assurez-vous que votre message est facilement compréhensible
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Essayez d’éviter les erreurs de prononciation, de vocabulaire et de grammaire
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Évitez l’utilisation excessive de marqueurs d’hésitation, qui sont connus pour agacer les différents types de personnes qui évalueront votre pitch.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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