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La propriété psychologique, un levier pour la continuité de l'entreprise familiale

Rania Labaki , Associate Professor, Family Business Chair Director

Dans cet article, initialement publié dans Harvard Business Review France, Rania Labaki, Professeure associée à l'EDHEC et directrice de la chaire Entreprises familiales, s'intéresse à la "propriété psychologique" dans ces entreprises, composante cruciale pour leur continuité.

Temps de lecture :
3 oct 2024
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Reconnues pour leur longévité et leur résilience, les entreprises familiales puisent leurs atouts dans la structure de propriété détenue par les membres d'une famille, à la fois orientée vers le long-terme et riche d'une histoire de valeurs fortes.

 

Cette propriété familiale, qui relève du cadre légal, n'est toutefois pas la seule composante de l'équation de continuité de ces entreprises. La propriété psychologique, désignant une forme de "possession" de l'entreprise qui transcende la simple détention d'actions ou de parts, prend tout son sens dans ces entreprises. Elle permet de dépasser le cercle de la propriété légale ainsi que le cadre classique d'attentes financières des actionnaires (« Toward a theory of psychological ownership in organizations », de J. L. Pierce, T. Kostova, et K. T. Dirks, Academy of Management Review, 2001)

 

Comprendre la propriété psychologique

Alors que l'identification organisationnelle répond à la question « Qui suis-je ? », la propriété psychologique apporte une réponse à la question « Qu'est-ce que je ressens comme étant le mien/ la mienne ? » (« Psychological ownership in heterogeneous family firms: A promising path and a call for further investigation », de M. Mustafa, R. Labaki et B. Henssen, Entrepreneurship Research Journal, 2022).

 

Elle émane d'une expérience psychologique à travers laquelle un individu développe des sentiments de possession envers une cible. Lorsque l'entreprise familiale devient cette cible, les « détenteurs » de la propriété psychologique peuvent incarner des parties prenantes internes et externes, sans implication juridique en termes de droits de contrôle, d'information ou encore de dividendes. Il peut s'agir aussi bien de membres non familiaux, comme les salariés et les managers, que de membres de la prochaine génération de la famille, alors même qu'ils ne sont pas encore des propriétaires formels (« Are We Family and Are We Treated as Family? Nonfamily Employees' Perceptions of Justice in the Family Firm », de T. Barnett et F. W. Kellermanns, Entrepreneurship: Theory & Practice, 2006).

 

Les actionnaires peuvent également développer des sentiments de possession psychologique envers l'entreprise familiale ; les deux formes de propriété ne s'excluant pas mutuellement. Quand une partie prenante d'une entreprise familiale la ressent comme étant « sienne », elle perçoit cette propriété psychologique comme une extension d'elle-même. Cela la conduit à agir comme si l'entreprise lui appartenait réellement (« Psychological ownership in small family firms: Family and non-family employees' work attitudes and behaviours », de H. M. Ramos, T. W. Y. Man, M. Mustafa et Z. Z. Ng, , Journal of Family Business Strategy, 2014).

 

Comment la propriété psychologique influence-t-elle, dès lors, le comportement des parties prenantes envers ce qu'elles considèrent comme leur appartenant ?

 

Reconnaître les impacts positifs : Des motivations aux comportements

La propriété psychologique de l'entreprise familiale se traduit par des changements significatifs chez les membres familiaux et non familiaux. Elle favorise la motivation des managers non familiaux, l'état d'esprit, les attitudes, et les comportements des employés à l'égard de l'entreprise familiale (« Psychological ownership in family firms: a perspective article », de A. L. Caicedo-Leitón, L. Garcés-Galdeano et Larraza-Kintana, M., Journal of Family Business Management, 2024).

 

➤ Motivation par la fierté et la responsabilité

La propriété psychologique peut générer un sentiment de fierté et un sens de la responsabilité, agissant comme une source de stimulation pour les individus associés à l'entreprise familiale (« F-CPO: A collective psychological ownership approach to capturing realized family influence on business », de N. Rantanen et I. Jussila, Journal of Family Business Strategy, 2011).

 

➤ Comportements organisationnels et prosociaux

Les membres non familiaux expérimentant la propriété psychologique sont plus susceptibles d'être engagés, satisfaits et loyaux à l'entreprise familiale (« Affective commitment and job satisfaction among non-family employees: Investigating the roles of justice perceptions and psychological owners », de N. Rantanen et I. Jussila, Journal of Family Business Strategy, 2011).

En particulier, ils ont tendance à être plus attentifs, travailler plus longtemps et allez plus loin (« Psychological Ownership », de F. Bernhard, Elgar Encyclopedia of Family Business, 2024).

La propriété psychologique est également un prédicteur significatif des comportements organisationnels prosociaux, notamment hors rôle, à la fois parmi les employés familiaux et non familiaux.

 

➤ Transmission à la nouvelle génération

La propriété psychologique ressentie par la nouvelle génération et les employés non familiaux a le potentiel de favoriser la transmission intergénérationnelle de la propriété. Elle permet en effet de stimuler leur engagement en capitalisant sur les aspects émotionnels qui sont au cœur du processus, en plus des aspects purement légaux (« Intergenerational ownership succession: Shifting the focus from outcome measurements to preparatory requirements », de L.-G. Sund, L. Melin et K. Haag, Journal of Family Business Strategy, 2015)...

 

Pour lire cet article dans son intégralité, rendez-vous sur hbrfrance.fr

 

Photo de Ivan Samkov

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