Qu’est-ce que la dette ESG des startups, ce « poids invisible » ?
Dans cet article, initialement publié dans Harvard Business Review (HBR) France, Ludovic Cailluet - professeur à l'EDHEC et directeur de l'EDHEC Centre for Responsible Entrepreneurship, Yasmine Machwate - responsable de l'entrepreneuriat responsable à l'EDHEC CRE, et Justine Soudier, directrice d'EDHEC Entrepreneurs et co-directrice de l'EDHEC CRE, analysent la dette ESG qui représente un défi invisible pour les startups en phase initiale.
Durant leur phase de lancement, les start-up font face à un certain nombre d’obstacles. L’un d’entre eux est encore méconnu : il s’agit de la dette ESG, soit l’ensemble des compromis consentis par les jeunes entreprises à leurs débuts en matière environnementale, sociale et de gouvernance. Les conséquences peuvent pourtant être pesantes à moyen et court termes. Différents travaux et initiatives de l’EDHEC mettent en lumière ce sujet et proposent une nouvelle démarche appelée « Responsible Entrepreneurship by Design ».
Pour les startups, la quête du product-market fit (soit l’adéquation entre un produit et son marché) constitue une priorité absolue. C’est en effet au moment où un produit ou un service rencontre sa cible que la croissance de l'entreprise s'accélère.
Pour atteindre cet objectif, les fondateurs se livrent à une course effrénée, conscients que tout ralentissement pourrait compromettre la survie de leur projet. Cette quête du product-market fit a tendance à justifier des choix opérationnels parfois discutables. Or, au fil du temps, ces raccourcis s’accumulent et peuvent donner lieu à la constitution d’une dette qui augmente au rythme de la croissance de l’entreprise et peut mettre en péril sa pérennité.
Dès lors, ne serait-il pas utile, pour les entreprises en phase d’amorçage, d’intégrer au plus tôt les enjeux ESG (environnemental, social et de gouvernance) dans leur stratégie, pour éviter le gonflement de leur « dette ESG » ?
La dette ESG, un enjeu invisible mais de taille pour les start-up
La dette technique est un concept inventé par le développeur de logiciels Ward Cunningham en 1992. Il désigne une situation où la rapidité d'un projet a primé sur la qualité et où les décisions n’ont pas été pleinement réfléchies (« An exploration of technical debt », d’Edith Tom, Aybüke Aurum et Richard Vidgen, Journal of Systems and Software, Volume 86, Issue 6, 2013). En conséquence, des efforts supplémentaires doivent ensuite être fournis pour corriger les défaillances.
Ce concept est aujourd’hui bien connu, et ses risques bien étudiés. On pense notamment à Facebook qui, en 2014, a transformé sa devise Move fast and break things (qui pourrait se traduire par : Aller vite et rompre l’ordre établi) en Move fast with stable infra (Aller vite grâce à une infrastructure stable). Un vrai changement de paradigme.
Mais les startups font face à un problème de taille : elles manquent de ressources. Ou, de manière plus précise : leurs ambitions dépassent de loin les ressources dont elles disposent. Cette situation peut les contraindre à ce que l’on appelle « la dépendance au sentier (emprunté) » (path dependence), qui consiste à persister dans les choix précédemment adoptés, même lorsque de meilleures alternatives existent. Ces contraintes, combinées à d’autres facteurs tels que le manque d’outils, le coût des solutions vertueuses, l’absence d’alternatives de fournisseurs, etc. – alimentent potentiellement la dette ESG.
Cette dette ESG englobe tous les compromis consentis, consciemment ou par négligence, en matière environnementale, sociale et de gouvernance, afin de garantir la survie initiale d'une start-up. Lorsqu’elle est mal gérée, cette dette peut non seulement générer des problèmes extérieurs significatifs, mais également entraver la viabilité d'un projet prometteur en limitant son potentiel de croissance économique...
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