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Quelle valeur peut-on attribuer à une start-up numérique ?

L'investissement est la pilule magique de la croissance recherchée par d'innombrables start-ups. Mais pour lever des fonds, comment évoquer une valorisation crédible alors que, par définition, une start-up a encore presque tout...

Temps de lecture :
12 Juil 2019
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L'investissement est la pilule magique de la croissance recherchée par d'innombrables start-ups. Mais pour lever des fonds, comment évoquer une valorisation crédible alors que, par définition, une start-up a encore presque tout à prouver ?

Professeur de finance et de comptabilité à l'EDHEC, Philippe Foulquier prépare régulièrement ses étudiants à cette question. Expliquant les bases, il rappelle que trois méthodes classiques d'évaluation des entreprises traditionnelles ne s'appliquent pas de manière aussi nette aux start-ups de l'économie numérique. Les trois méthodes classiques sont l'actualisation des flux de trésorerie (ou DCF), l'approche par les pairs qui compare les performances avec des sociétés cotées équivalentes, et l'approche combinée de la valeur des actifs et des flux de trésorerie. Elles ont toutes évolué dans un monde pré-numérique. Selon Philippe Foulquier, trop de jeunes entrepreneurs rejettent la méthode DCF comme étant "trop compliquée", mais ils le font à leurs risques et périls. Certes, la méthode DCF présente des limites, notamment parce qu'elle fait appel à l'historique des performances - dont il n'y aura que peu de traces. En outre, les jeunes entreprises démarrent souvent avec des investissements privés ; elles ont une forte probabilité d'échec ; elles ont souvent besoin de liquidités importantes ; et elles consomment des liquidités plus rapidement (OPEX) que les entreprises traditionnelles (CAPEX) sur la voie rapide de la croissance.

Avec la nouvelle ère numérique, de nouveaux ratios sont apparus pour aider les investisseurs à faire des projections plus précises", déclare Philippe Foulquier.

Le mythe du business angel

Malgré les difficultés, il vaut la peine de travailler pour arriver à un chiffre qui donnera aux investisseurs un point de départ tangible, estime M. Foulquier. Contrairement à la croyance populaire, les investisseurs en capital-risque ne sont pas des anges bienfaisants qui saupoudrent des fonds comme de la poussière de fée ; ils sont là pour faire du profit. Il est donc essentiel de monter un dossier convaincant. En règle générale, la méthode du capital-risque repose sur une stratégie de collecte de fonds potentielle sur 3 à 5 ans, sur l'attente d'une amélioration de leur propre investissement et sur la dilution du capital. La nouvelle ère numérique a donné naissance à de nouveaux ratios qui aident les investisseurs à faire des projections plus précises : des indicateurs tels que le modèle AARRR, les mesures de traction numérique et la valeur de la durée de vie des clients. Le monde a changé, tout comme la manière de lui attribuer une valeur. La leçon à tirer de tout cela ? Faites vos devoirs !

Cet article a été publié pour la première fois dans le magazine Otherwise (numéro 5). Si vous avez aimé le lire, abonnez-vous ici et recevez gratuitement le prochain numéro !