4 questions à Arnaud Dufays sur le rôle des relations sociales dans la motivation à poursuivre des études supérieures
Dans un article récemment publié dans la revue Economics of Education, Arnaud Dufays, professeur associé à l'EDHEC, et ses co-auteurs mettent en lumière l'effet significatif de son réseau social sur la volonté d’un étudiant à poursuivre des études universitaires.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé au lien entre l’inscription à l’université et l’influence des cercles d’amis ?
L'accès à l'enseignement supérieur n'est pas égalitaire. Il y a de nombreux facteurs qui influencent cet accès (l’éducation des parents, la communauté, le réseau d'amis, ...). Dans cet article académique, Vincent Boucher (Univ. Laval), Antoine Dedewanou (Carleton Univ.) et moi voulions analyser l'influence du réseau d'amis d'un lycéen sur sa volonté à poursuivre un cursus universitaire. Ce qui a inévitablement un effet sur son avenir. Il est donc intéressant de comprendre comment les croyances associées à cette décision se créent et s'ancrent en lui afin de pouvoir positivement les modifier.
En quoi vos conclusions complètent-elles les recherches existantes ?
Nos résultats viennent corroborer les conclusions de la littérature existante en montrant l'existence d'un effet significatif du réseau social sur la volonté d’un étudiant à poursuivre des études universitaires, même après avoir pris en compte ses caractéristiques individuelles telles que les résultats et les préférences. Ces résultats suggèrent que les écoles peuvent jouer un rôle crucial dans la sensibilisation des adolescents et influencer ainsi positivement leurs croyances sur le sujet.
Que nous apprend votre travail sur la formation des choix pour les adolescents ?
L’influence des relations au sein de l'école ouvre la voie à une politique de sensibilisation ciblant les étudiants les plus influents. Cependant, notre étude, basée sur des données américaines, suggère que cette approche pourrait avoir un impact limité sur les croyances des étudiants. En effet, nos résultats mettent en évidence une grande hétérogénéité dans la réceptivité des adolescents quant à l'influence de leur groupe d'amis. Certains étudiants sont peu influençables, tandis que d'autres sont très réceptifs aux opinions de leur entourage. Il convient donc d'adopter une approche plus nuancée et d’essayer de mieux comprendre les mécanismes qui sous-tendent cette hétérogénéité.
Quelles sont les implications possibles de votre recherche en termes d’intervention publique ?
L'existence de cette hétérogénéité remet en question l'efficacité d'une sensibilisation ciblée de certains étudiants de l'école. Nous avons tenté de déterminer les caractéristiques des étudiants les plus influençables afin de pouvoir les sensibiliser, mais malheureusement, aucune caractéristique observable telle que le sexe, l'âge ou les résultats scolaires n'a pu être identifiée comme un prédicteur fiable. Ces résultats soulignent l'importance d'une réflexion plus large sur l'ampleur et la provenance de cette hétérogénéité. Ces nouvelles questions, une fois résolues, permettront à l’avenir d’élaborer des stratégies plus efficaces pour influencer positivement les opinions des jeunes en matière d'éducation.