L’attractivité de la France comme terre d’éducation ne se dément pas. En 2022-2023, selon Campus France, les étudiants étrangers étaient 412 087 à être inscrits dans l’enseignement supérieur français, en augmentation de 3 % sur un an et de 17 % sur cinq ans. Ils représentent ainsi 14 % des élèves inscrits dans le supérieur. Si la France se classe toujours au 6e rang des pays d’accueil, la progression de la mobilité mondiale est plus rapide que celle de la mobilité vers la France.
C’est dans les universités que l’on retrouve la plus grande part des étudiants étrangers (64 %), devant les écoles de commerce (14 %) et les écoles d’ingénieurs (7 %). La plus forte dynamique concerne néanmoins les écoles de commerce : +80 % en 5 ans. Elles semblent particulièrement attractives pour les étudiants originaires d’Asie et d’Océanie : ils représentent 27 % des effectifs étrangers dans ces établissements. Du reste, 82 % des étudiants de nationalité étrangères inscrits en école de commerce sont en mobilité internationale et majoritairement diplômante.
Missionné par la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (CDEFM), l’Edhec NewGen Talent Centre a conduit la première étude publiée à ce jour sur les profils des étudiants internationaux des grandes écoles de commerces. Ses résultats ont récemment été dévoilés lors du colloque « Mobilité étudiante responsable et employabilité des internationaux ».
Avec plus de 2 000 répondants de 118 nationalités différentes, l’étude reflète la diversité des motivations des étudiants étrangers à venir en France ainsi que leurs aspirations professionnelles en comparant avec les jeunes diplômés français. Nos conclusions confirment la richesse que représente cette jeunesse internationale et plurielle pour les entreprises françaises à la recherche de talents engagés. Voici cinq bonnes raisons de mieux valoriser les étudiants internationaux qui s’avèrent bien formés, disponibles et motivés.
Diversité et intérêt pour la France
Quels que soient les besoins auxquels les entreprises doivent répondre, les étudiants internationaux représentent une telle diversité de profils qu’elles trouveront forcément les talents adéquats dans ce panel. Les étudiants originaires d’Asie et d’Amérique du Nord ont le plus fréquemment un premier diplôme en ingénierie qu’ils viennent compléter par un diplôme en grade Master dans les écoles de management françaises. Plus d’un tiers des étudiants qui viennent d’Afrique et du Moyen-Orient ont, eux, des formations initiales en économie, comptabilité, audit et finance. Il y a là un vivier intéressant pour des entreprises françaises en quête de doubles compétences, qu’elles peinent à trouver en France en quantité suffisante.
De plus, avant leur séjour académique en école de management, 22 % des étudiants internationaux ont déjà eu des expériences internationales, notamment en France. La durée moyenne de leur cursus en France est de 16 mois, suffisamment longue pour garantir leur acculturation et leur permettre d’améliorer significativement leur niveau en français, même si les cours dans les grandes écoles de management sont pour l’essentiel dispensés en anglais. Ayant néanmoins fréquenté et travaillé avec plusieurs dizaines de nationalités différentes, 84 % estiment avoir les compétences interculturelles suffisantes pour travailler à l’international. Quand ils ont une préférence, les trois quarts des étudiants internationaux aimeraient travailler en Europe.
En phase avec les entreprises d’aujourd’hui
Comme les Français, 88 % des étudiants internationaux posent un regard positif sur l’entreprise qu’ils considèrent passionnante, collaborative et ouverte. Sans naïveté néanmoins. Ils jugent aussi l’entreprise compliquée, parfois verticale et stressante. Plus de 9 étudiants internationaux sur 10 pensent que les entreprises ont un rôle à jouer par rapport aux grands enjeux du monde et qu’elles doivent se transformer sur leur impact environnemental, sociétal et l’éthique de leur gouvernance.
En ce qui concernent leurs aspirations, les jeunes internationaux restent attirés par les mêmes secteurs d’activité que les étudiants en management français. 76 % estiment que leurs études avant d’arriver en France les ont suffisamment sensibilisés aux enjeux sociaux et qu’ils seraient donc prêts à répondre aux grands défis contemporains des entreprises. 66 % considèrent d’ailleurs que l’impact sociétal (social et/ou environnemental) sera un critère déterminant pour le choix de leur emploi avec des différences selon leur origine géographique. Les étudiants étrangers ont des préférences proches des Français pour la taille d’entreprise mais avec un intérêt plus fort pour le salariat et les entreprises coopératives et mutualistes.
Des étudiants ambitieux, autonomes et engagés
Pour leur carrière, enfin, ils aspirent d’abord à développer leurs compétences et avoir des revenus élevés tout en ayant des ambitions professionnelles variées. Dans une précédente étude, nous distinguions trois profils : les compétiteurs, centrés sur le développement ambitieux de leur carrière, motivés par la perspective d’un poste de dirigeant, une responsabilité hiérarchique et une rémunération attractive ; les engagés, orientés sur les enjeux du monde, motivés par l’intérêt général, la culture et les valeurs de l’entreprise ; les entrepreneurs, animés de l’envie d’innover, motivés par le challenge, la liberté d’action, l’autonomie dans les missions confiées et la conduite de projets. Chez les étudiants internationaux, les profils compétiteur et entrepreneur sont plus représentés que le profil engagé qui est plus souvent choisi en France et en Amérique du Nord.
Sens des responsabilités, adaptabilité et collaboration sont les trois compétences les mieux maîtrisées par les étudiants internationaux. Dans leur futur professionnel, ils attendent d’un manager qu’il soit transparent et honnête, qu’il les aide à développer leur employabilité en leur faisant confiance et en leur donnant de l’autonomie. 76 % sont confiants vis-à-vis de leur intégration sur le marché du travail et aborde le marché de l’emploi avec enthousiasme, c’est un incontestable gage de motivation pour les futurs employeurs.
Les entreprises françaises, parfois frileuses à embaucher les jeunes diplômés internationaux qui souhaitent s’intégrer en France souvent par méconnaissance, trouveront sans doute dans cette étude de quoi les rassurer. Les écoles de management en France convaincues de l’excellence des profils qu’elles forment se sont mis au défi de les faire connaître et de favoriser leur embauche au profit de l’économie française.
Consciente des complexités administratives à l’embauche de ces jeunes diplômés de nationalités étrangères en particulier non européennes, la (CDEFM a récemment édité un guide pratique pour les entreprises qui peut faciliter les procédures de recrutement et faire des diplômés internationaux des atouts pour les entreprises hexagonales.
Cet article de Geneviève Houriet Segard, Directrice adjointe de l’EDHEC NewGen Talent Centre, et Manuelle Malot, Directrice Carrières et NewGen Talent Centre, a été republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.